Amitié Lubicons-Québec communiqué #2

POURQUOI UNE MULTINATIONALE UTILISE-T-ELLE LES TRIBUNAUX ONTARIENS POUR FAIRE TAIRE L'OPPOSITION À CES PRATIQUES DE COUPE FORESTIÈRE EN ALBERTA?

Amitié Lubicons-Québec
le 2 septembre 1997

Communiqué no. 2
Pour diffusion immédiate

Pourquoi une multinationale utilise-t-elle les tribunaux ontariens pour faire taire l'opposition à ces pratiques de coupe forestière en Alberta?

Aujourd'hui, dès 10h00, marquera à Toronto l'ouverture d'un procès de trois semaines intenté en janvier 1995 par la multinationale Daishowa contre le groupe torontois les Amis des Lubicons, organisateurs d'une campagne de boycottage des produits forestiers Daishowa. Les Amis des Lubicons sont accusés, entre autres, d'avoir provoqué chez Daishowa des pertes qui s'élèvent aujourd'hui à plus de 11 millions $.

En décembre 1996, quelques jours après que Daishowa ait annoncé ses plans pour la construction d'une nouvelle papetière de 900 millions $ dans la région de Peace River en Alberta, l'hebdomadaire japonais Nikkei Weekly rapportait que la Daishowa Paper Manufacturing Company prévoyait un << profit net de 14 milliards de yen (123,9 millions $) pour l'année fiscale >> se terminant en mars 1997, le premier profit net réalisé par la société depuis six ans (NW, 23 décembre 1996, p.14)...

En juin dernier, un autre périodique japonais, le Nihon Keizai Shimun, venait confirmer la bonne nouvelle tout en précisant que << le bilan financier actuel du groupe qui s'élève à 19,9 milliards de yen est le plus élevé depuis 1988. >> Selon l'article, << les filiales à l'étranger ont été profitables, dont la Daishowa Canada Holding Ltd. qui est passée d'un déficit de 2,6 milliards de yen à un surplus de 2,5 milliards [...]. Les profits de la Daishowa Marubeni International, qui produit de la pâte [et qui est propriétaire du moulin à Peace River, en Alberta], ont triplé pour atteindre la somme de 5,5 milliards de yen >> (NKS, 22 juin 1997).

Cependant, les nouvelles n'ont pas été aussi bonnes pour les Amis des Lubicons en Ontario. En fait, le 9 août, la Cour a ordonné au petit groupe de bénévoles de remettre sa liste d'envoi à Daishowa. Selon l'avocat de la compagnie, Daishowa << a besoin des noms qui composent la liste afin d'explorer l'ampleur du travail de sensibilisation effectué par les accusés [...]. >> La Cour a accordé la demande.

Les supporters et les sympathisants des Cris du lac Lubicon et des Amis des Lubicons doivent-ils s'attendre à recevoir des appels d'un représentant de la Daishowa à la recherche d'une information quelconque? Recevront-ils des dépliants par la poste faisant l'éloge des bonnes intentions de la compagnie en matière de coupe forestière chez les Lubicons? Si les Amis des Lubicons remettent le contenu de leur liste d'envoi, pourront-ils continuer de sensibiliser la population et d'effectuer des campagnes de financement? Les Amis des Lubicons contestent l'ordonnance en appel.

Selon Marc Drouin, membre de la campagne Amitié Lubicons-Québec, << non seulement Daishowa fait-elle usage des tribunaux pour épuiser les Amis des Lubicons financièrement, mais elle tente aussi d'effriter la base d'appui de l'organisation, un sympathisant à la fois s'il le faut. Une telle poursuite judiciaire, que l'on appelle SLAPP (Stategic Lawsuit Against Public Participation ou poursuite stratégique pour contrer la participation populaire) siphonne du temps, du l'argent et d'importantes ressources humaines aux regroupements de citoyens et de citoyennes comme les Amis des Lubicons. Les tribunaux deviennent rapidement encombrés par une telle mesure qui porte atteinte directement à nos droits collectifs à la liberté d'expression et à la liberté d'association. >>

Alors que les profits annuels de la Daishowa sont en pleine croissance, les Cris du lac Lubicon se retrouvent en marge de la société canadienne, sans jamais savoir, d'une année à l'autre, si leur territoire sera ou non coupé à blanc. Alors que les filiales canadiennes de la Daishowa réalisent des profits importants, des citoyens se font traîner dans un bourbier juridique qui dure depuis presque trois ans pour avoir organisé une campagne de boycottage. Nous sommes toujours en attente d'un semblant de justice dans ce dossier.

Des membres de la campagne Amitié Lubicons-Québec seront à Toronto afin de participer à un rassemblement qui aura lieu aujourd'hui le 2 septembre dès 8h30 au carré Nathan Phillips.


À date, le gouvernement de l'Alberta a encaissé d'importantes redevances sur les 9 milliards $ de pétrole et de gaz naturel qui ont été extraits de notre territoire depuis la fin des années 1970, alors que 95% de ma communauté dépend de l'aide sociale. Aujourd'hui, une société multinationale menace d'abattre le territoire dont nous dépendons pour notre alimentation. Cela provoquera la disparition complète de notre communauté et je voudrais que tout le monde le sache.
- Reinie Jobin, Conseil des aînés cris du lac Lubicon;
Montréal, le 23 janvier 1997.

Pour de plus amples renseignements:

Marc Drouin, Amitié Lubicons-Québec: (514) 526-9970
Kevin Thomas, les Amis des Lubicons (Toronto): (416) 209-6186
Bernard Ominayak, chef des Cris du lac Lubicon (Alberta): (403) 629-3945

La campagne Amitié Lubicons-Québec est endossée par:

L'Association des étudiantes et étudiants d'études hispaniques (UdeM), l'Association des étudiantes et étudiants en anthropologie (UdeM), le Canevas, le Centre Wampum, le Cercle des Premières Nations (UQAM), le Comité de Justice et Paix de Ville-Marie, le Comité des sans emplois de Montréal-Centre, le Comité justice sociale (CRCQ), le Comité Québec-Amérique centrale, le Centre de ressources sur la non violence, le Groupe de recherche en intérêt public (GRIP-Québec) UQAM, le GRIP-Québec Concordia, le GRIP-Québec McGill, la Librairie Abya-Yala, la Librairie Alternative, le Mouvement Humaniste, les Productions B'alba, Project Ploughshares (Montréal), Rebelles, le Réseau de solidarité avec le Mexique, le Regroupement de solidarité avec les Autochtones, Rythm Activism, Salut le monde!, Terre en vue...

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